Rachat de SFR : Pourquoi Altice rejette l'offre d'Orange, Bouygues et Free ?

Aussitôt proposée, aussitôt rejetée. L’offre de rachat du triumvirat Bouygues, Orange et Free faite à SFR a tenu moins longtemps que le premier gouvernement Lecornu.
Un peu de contexte. Souvenez-vous, c’était the feuilleton de l’été : la boîte de P. Drahi (PDG d’Altice, la maison mère de SFR) avait une dette de 24 milliards, finalement restructurée à ≈ 15 milliards.
Les rapaces se sont évidemment intéressés au dossier : ça fait des mois que les trois mousquetaires -Bouygues, Orange et Free- négocient pour racheter une bonne partie des activités télécoms de SFR.
Et avec ce rachat, le marché français des télécoms serait complètement transformé. Un concurrent en moins, ça veut dire qu’on pourrait bien voir disparaître les offres à gogo et autres tarifs réduits...
- Dans le détail : les actifs de SFR auraient été répartis comme ça : 43% pour Bouygues, 30% pour Iliad (Free) et 27% pour Orange (déjà 1er sur le marché, donc pas question de pousser le bouchon un peu trop loin Maurice en acquérant une trop grande part de SFR, 2ème opérateur français).
Problème : L’offre des trois lascars à 17 milliards d’euros valorise SFR à + de 21 milliards alors que les créanciers d'Altice tablent plutôt sur 28, quand P. Drahi se voit déjà à 30… C'est donc un -gentil mais ferme- “Non" pour A. Dreyfuss, le PDG d’Altice France.
Pour la suite ? Le PDG va devoir la jouer aussi finement qu’un vendeur qui tient à ce que son t-shirt parte à trois euros sur Vinted. Si on en croit les acheteurs, “ce n’est que le tout début d'un long processus.” Sauf que P. Drahi, lui, est un maître dans l’art de deal et a tout intérêt à miser sur la durée dans l’espoir d’obtenir une meilleure offre.
Un peu de recul. À l’inverse, une vente rapide ferait du bien aux créanciers qui attendent leur argent. Mieux vaut encaisser maintenant que d’attendre, et risquer que la situation financière de SFR n’empire et que sa valeur baisse. Surtout que l’incertitude peut freiner des clients : pourquoi prendre un abonnement SFR qui se transformera en abonnement Bouygues ou Free d’ici quelques mois ?
Bref. C’est donc un jeu de “qui va céder en premier ?”. Et côté gouvernement : “Je vais être extrêmement vigilant” prévient le ministre de l’Économie, “en France, on a les […] abonnements parmi les moins chers du monde.” Espérons que ça continue.