Les hausses d'impôts font-elles vraiment partir les riches ?

Lumi Lumi/Unsplash
Publié le
2/9/2025

Si on taxe les plus riches, ils risquent de s’envoler pour les îles Caïmans vous dira F. Bayrou. Pourtant, la plupart restent.

Dans les faits : La taxe Zucman, qui veut taxer les foyers les + riches, est décriée par le gouvernement. F. Bayrou parle même d’une “menace sur les investissements en France” et de “nomadisme fiscal”. Et pourtant, le Conseil d’analyse économique est très clair sur la question : l’exil fiscal n’a que peu d’impact.

Comment en sont-ils arrivés là ? Les économistes ont comparé les flux des hauts patrimoines entre deux dates clés :

  • Le début du quinquennat de F. Hollande qui, en + d’être bilingue, avait supprimé le PFL qui permettait aux + riches de payer moins d’impôts (ce qui ne les a pas ravis).

  • L'arrivée d'E. Macron qui, lui, s’était rabiboché avec les + de 10 en supprimant notamment l’impôt sur la fortune (ISF). Alors, y-a-t-il eu une grosse différence au niveau des départs fiscaux entre nos deux présidents ?

Pas vraiment. Les économistes ont analysé les 380 000 foyers qui constituent le top 1% des revenus en France, et conclusion : la hausse des impôts n’a qu’un effet “relativement modeste” sur l’exil des très riches.

  • En clair, oui, augmenter les impôts augmente l’exil fiscal. Mais ces départs n’ont qu’un “effet marginal sur l’économie française”. Selon le Conseil, si l’ISF faisait son come-back (soit entre 3 et 4,5 milliards de recettes supplémentaires pour l'État), seuls 0,1-1% des foyers très aisés partiraient à l’étranger, soit une baisse de 0,05 % de valeur ajoutée totale pour l'économie française.

Un peu de recul. En réalité, “seulement 0,2% du top 1% français s’expatrie chaque année”. Ce qui impacte réellement l’économie française, selon le rapport, c’est plutôt l’optimisation fiscale made in France des hauts patrimoines, qui reste la solution privilégiée en cas de hausse d’impôts, plutôt que l’exil direct aux Caraïbes.


Bref. En plus de tout ça, les départs des + riches sont souvent suivis d’une restructuration de leur patrimoine pro, qui ne disparaît pas du pays mais fait l'objet de fusion ou de rachat. En clair, ces départs tant redoutés n’ont pas de quoi faire trembler le gouvernement… Qui leur annonce la bonne nouvelle ?