Peut-on vraiment suspendre la réforme des retraites ?

AFP
Publié le
8/10/2025

S. Lecornu s’est exprimé hier soir au JT de 20h de France 2, et il faut en retenir deux infos : E. Macron nommera un nouveau premier ministre d’ici 48h et S. Lecornu, qui a répété une cinquantaine de fois qu’il était bien premier ministre DÉMISSIONNAIRE, mise sur la réouverture du débat sur les retraites pour débloquer la crise politique.

Rappel : Même E. Borne, qui avait plus d’un 49.3 dans sa manche quand la réforme est passée, s’est dite prête à rouvrir le dossier pour éviter la dissolution qui retarderait encore plus le vote du budget 2026.


Mais rouvrir ce débat, c’est vraiment faisable ? La mise en œuvre progressive de la réforme est déjà en place. Et elle prévoit que les personnes nées à partir de 1968 partent à l’âge de 64 ans au lieu de 62. Mais si elle est suspendue, les concernés pourraient donc partir plus tôt que prévu à la retraite.


Problème : Ça va coûter cher. Pour Bercy, revenir en arrière coûterait “500 millions en 2026, et 3 milliards en 2027”. Des sommes qu’il faut rajouter au déficit annuel de 15 milliards dès 2035, prévu par la Cour des comptes. En février, elle estimait que la réforme menée à bien ferait par contre économiser 10 milliards d’ici 2030.

  • L’autre problème, c’est celui de la population retraitée, bientôt trop nombreuse pour que les nouvelles générations puissent financer leurs retraites. Sans parler des gains non-négligeables pour l’État niveau recettes fiscales. Plus les gens travaillent → plus ils paient de cotisations → plus de l’argent rentre dans les caisses.

En clair, la vraie question c’est de savoir si les députés vont enfin réussir à accorder leurs violons pour retoucher la réforme sans creuser le déficit, surtout qu’ils ont l’air de bien s’entendre en ce moment... Après, pas sûr que tout tourne autour de l’âge de départ : il y a aussi la piste des petites pensions à revaloriser ou celle des métiers pénibles à mieux reconnaître.


Un peu de recul. Jolie retournée acrobatique du gouvernement (du moins de ce qu’il en reste), mais il en faudra plus pour convaincre le PS qui dénonce un “écran de fumée”.


Bref. On peut sûrement leur reprocher beaucoup de choses, mais au moins les politiques français savent divertir. En tous cas nous, on est prêts pour cette 2ème saison des Anges à l’Élysée… Quel qu’en soit le casting.