Le plan de Netflix pour affaiblir (ou racheter) Warner Bros

Netflix s'apprête à racheter Warner Bros pour 83 milliards de dollars, mais tout n’est pas encore gagné.
Comment en est-on arrivé là ? Avec le streaming, la télé traditionnelle s’est effondrée, les salles de ciné se sont vidées, et les revenus publicitaires ont chuté. Warner n’a pas su redresser la barre, donc le groupe est en vente depuis quelque temps et trois groupes font monter les enchères : Skydance, Comcast et Netflix.
Le dernier a annoncé, il y a quelques jours, avoir remporté le bras de fer. Et avec ce deal, Netflix détiendrait l’intégralité du catalogue HBO dont ses séries et films cultes (Succession, Harry Potter, Inception...). De quoi faire émerger un mastodonte du streaming aux 395 millions d’abonnés.
Problème : Le régulateur doit encore valider le rachat. Il doit juger si l’entreprise dépasse les 30% de parts de marché du streaming, et pour le moment, c’est flou... Selon Nielsen, le géant passerait de 18% à 21% de parts d’audience (temps passé à regarder des contenus), mais selon H. Hovenkamp, un expert en droit de la concurrence, le géant dépasserait les 30%.
- Plus encore : Warner ne fait pas que des films pour HBO, le groupe produit aussi pour d'autres plateformes. En clair, si Netflix le rachète, il pourrait couper l’accès aux concurrents ou influencer les conditions du marché, et c’est exactement le genre de friction que les régulateurs détestent.
De son côté, Netflix se défend en promettant de respecter les habitudes de Warner, avec 30 sorties ciné par an, mais personne n’est rassuré : Cinéma United craint une chute de 25% du box-office, et Netflix vise 2 à 3 milliards de dollars d’économies par an avec sans doute des suppressions de postes.
Un peu de recul. Selon M. Stoller, expert des questions de monopole, le rachat n’a aucune chance d’aboutir, mais Netflix a un plan inspiré d’El Professor. En clair, pendant la durée d’observation de l’opération par les régulateurs (1 à 2 ans), Warner ne peut plus prendre de décisions stratégiques. Pendant ce temps, Netflix trace sa route et Warner s'affaiblit, avec des producteurs qui préféreront aller chez la concu’.
- À la fin de l’histoire, donc, Netflix en ressort gagnant quoi qu’il arrive : soit il réussit à racheter son concurrent et être en monopole, soit l’accord échoue, mais Warner en ressort affaibli.
Bref. Les investisseurs ne sont pas emballés pour le moment : l’action Netflix a chuté de 5 % en fin de semaine. Reste à voir ce que réserve la prochaine saison...










