La France et l’Europe veulent attirer les chercheurs étrangers avec un plan à 600 millions d’euros, mais la mission s'annonce compliquée

EmmanuelMacron/X
Publié le
5/5/2025

La France et l’Europe veulent attirer les chercheurs étrangers avec un plan à 600 millions d’euros. Objectif : faire les yeux doux aux scientifiques américains victimes des coupes budgétaires de l’administration Trump.



Pourquoi on en parle ? Hier se tenait l'événement “Choose Europe for science”, et les enjeux sont immenses : alors que la recherche est menacée aux USA, l’Europe se veut terre d’asile scientifique.


Un peu de contexte : D. Trump a déjà suspendu 10 milliards de dollars de financements à destination des universités américaines, selon le Wall Street Journal. En réaction, la France lançait mi-avril la plateforme “Choose France for Science” pour les candidatures de chercheurs internationaux. Selon E. Macron, elle aurait déjà enregistré “plus de 30 000 connexions, dont 1/3 depuis les USA.”


Et aujourd'hui, le message est clair : aux 1,5 million de chercheurs américains, “choisissez l’Europe.”

  • De son côté, l’UE va proposer un plan à 500 millions d’euros à destination des chercheurs étrangers pour 2025-2027. Millions qui s’ajoutent au budget déjà existant de 16 milliards du Conseil européen de la recherche.

  • De l’autre, E. Macron a aussi promis 100 millions, tirés du budget du plan France 2030 - 54 milliards pour soutenir l’innovation française.

Un peu de recul. Pas sûr que ces quelques millions suffisent :

  • Déjà, la France ne consacre que 2,2% de son PIB à la R&D (Recherche & Développement), contre 3,5% aux USA qui bénéficient d’une législation plus simple et d’un accès moins réglementé aux capitaux. Même s’ils venaient en Europe, les chercheurs américains auraient donc plutôt intérêt à se tourner vers l’Allemagne, la Belgique ou la Suède où les investissements dépassent 3,1% du PIB.

  • Plus encore. L’initiative ne ravit pas les syndicats français de l’enseignement supérieur et de la recherche qui dénoncent le sous-financement du secteur. Au point où, selon un rapport de l’Unesco publié en 2021, la France est le seul pays de l’UE où la productivité scientifique a reculé entre 2015 et 2019.

  • Enfin, niveau salaire, difficile de lutter : en France, un chercheur de 35 ans touche autour de 3600 euros brut mensuels, contre 6000 pour un début de carrière à Stanford (célèbre université américaine).

Bref. La présidente de la Commission européenne U. von der Leyen veut que les investissements dans la R&D des membres de l’UE atteignent 3% du PIB d’ici 2030. Mais c’est toujours pas gagné. Terre d’accueil des chercheurs - pour qui l'argent ne fait pas le bonheur.