S. Lecornu a annoncé sa démission. Et maintenant ?

Publié le
6/10/2025

S. Lecornu a démissionné, d’accord. C’est le mandat le plus court de la Ve République, très bien. Mais maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

Dans les faits : E. Macron a accepté la démission de S. Lecornu qui largue une France en pleine tourmente. Oui, il faut faire des économies, mais prendre des ministres en intérim, ça va finir par coûter cher. Pour rappel, E. Macron en est à son 7ème Premier ministre. Plus que 2 et le 10ème est à -50%.


Concrètement, les investisseurs commencent à en avoir marre de l’instabilité, eux aussi : le CAC 40 a perdu 2% à l’ouverture de la Bourse, Société Générale 5%, BNP Paribas et Crédit Agricole 4%...

  • Plus encore, l’euro a perdu en valeur face au dollar (-0,7%) et les taux des obligations françaises à 10 ans (soit le coût auquel l’État français peut emprunter sur 10 ans) a atteint ≈ 3,6%, se rapprochant de son + haut niveau de 2011. Un bon indicateur de la confiance en baisse des investisseurs vis-à-vis du marché français…

Et maintenant ? Le gouvernement a démissionné, certes, mais reste quand même en place pour assurer les fonctions minimales de l’État - enfin sauf B. Le Maire qui a préféré quitter la partie et rendre le poste des Armées à S. Lecornu. Mais ce n’est pas la seule solution. Parmi les scénarios sur la table :

  • E. Macron persiste et signe : il nomme un nouveau Premier ministre, qui nomme un nouveau gouvernement, et on est repartis pour un tour…

  • E. Macron dissout une nouvelle fois l’assemblée nationale pour tenter de rabattre les cartes et retrouver une majorité (un move plutôt risqué).

  • E. Macron nomme un gouvernement technique, non politisé, qui se charge de faire passer le budget et de gérer les urgences.

  • E. Macron démissionne, lui aussi. Il lâche l’affaire, part aux Bahamas et G. Larcher, président du Sénat, prend la relève jusqu’aux élections anticipées. 70% des Français y sont d'ailleurs favorables selon l'étude réalisée par Odoxa-Backbone pour Le Figaro publiée hier soir.

Un peu de recul. On est vraiment mauvais niveau timing : Moody’s doit réviser la note de la France le 24 octobre et S&P le 28 novembre. Et si elle baisse, la dette va nous coûter encore + cher. Donc la France va devoir emprunter encore + pour rembourser ses intérêts, creusant son déficit - censé passer de 5,8% à 5,4% du PIB en 2025.


Bref. Vous l’aurez compris, c’est au Président de jouer. Il a confié à S. Lecornu la “responsabilité de mener d’ici mercredi soir d’ultimes négociations”, mais bon, l’idée d’un consensus pour le budget 2026 s’éloigne de + en +. Le bateau prend l’eau, le capitaine Lecornu a quitté le navire… Ne l’appelez plus jamais France, c’est sa dernière volonté.