Pourquoi l'impôt minimum sur les hauts revenus rapportera bien moins que prévu

Imposer les plus riches pour faire des économies, eh bien ça ne se passe pas comme prévu : la nouvelle taxe sur les hauts revenus ne rapporte que 1,2 milliard d’euros, loin des 2 espérés (40 % de moins que prévu).
Rappel : L’idée de cette contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) est simple : créer un plancher d’imposition de 20 % sur le revenu des 0,22% des foyers les plus riches, soit ceux qui gagnent plus de 250 000 euros par an. En clair, si leur impôt total est inférieur à ce taux, ils paient la différence.
- Pourquoi ? Parmi eux, il y avait des petits malins qui arrivaient à payer moins de 20% d’impôt sur le revenu.
Problème : L’idée semble aussi simple qu'efficace sur le papier, sauf que l’assiette était surestimée. Bercy comptait sur 24 300 foyers fiscaux redevables, mais l’Institut des politiques publiques table sur 16 300. Surtout, une grande partie des revenus des plus aisés vient du capital (dividendes, plus-values), taxé à la flat tax de 30 % (dont seulement 12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu).
90 % des revenus des ménages visés échappent donc au barème progressif, ce qui rend le mécanisme aussi efficace que la défense de l’Inter Milan. Le gouvernement se retrouve donc avec 800 millions de recettes en moins à deux semaines de dévoiler son plan d’économies de 40 milliards.
Comment faire ? Y. Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, a ouvert la boîte de Pandore hier : hausses d’impôts, droits de succession sur les “super héritages”, fin de l’abattement fiscal de 10 % sur les retraites… Impossible n’est pas français, même si c’est à l’encontre des promesses d’E. Macron.
- Elle envisage aussi de faire une “année blanche” en 2026, cas dans lequel l'Etat garderait le même niveau de dépenses publiques sans l’ajuster à l’inflation. La manip ferait économiser 28 milliards.
Bref. Le budget c’est - déjà - dans deux semaines et on n’est pas à l’abri de nouvelles pirouettes fiscales pour atteindre les 40 milliards. Peu de chances, malgré tout que ces mesures passent en l’état face à l’opposition, sans compter qu’elles risquent de mécontenter les contribuables et les élus. Vu la fragilité du gouvernement Bayrou, difficile d’imaginer quelqu’un porter ces projets sans risquer la censure.