La France emprunte désormais à des taux plus élevés que l’Italie :

Eric Lombard/X
Publié le
7/7/2025

La France emprunte désormais à des taux plus élevés que l’Italie : le rendement des obligations italiennes à 5 ans s'élève à 2,65% contre 2,67% pour les obligations françaises de même maturité.

Pourquoi on en parle ? Selon les investisseurs, l’économie française est moins safe que l’économie italienne. Tout simplement une première depuis 20 ans.

Rappel : Une obligation, c’est un “contrat d’emprunt”. Si on achète un titre d’obligation français (= un bon du Trésor), on prête de l’argent à l’État et en contrepartie, il nous verse chaque année des intérêts et nous rembourse la somme prêtée au terme du placement. Plus les investisseurs ont confiance dans un État, plus ils leur prêtent, plus son taux d’emprunt baisse, et inversement.

Comment on en est arrivés là ? En France, le manque de majorité à l’Assemblée paralyse les réformes budgétaires et ne rassure pas les investisseurs. La preuve : la France est en perspective négative auprès des agences de notation qui lui ont malgré tout laissé son AA-.

Pour l’Italie, c’est tout le contraire. En un an, elle a réduit de moitié son déficit (de 7% à 3,4%), de 10 points son endettement (à 135,3%) et elle est le seul pays du G7 à avoir un excédent budgétaire primaire, un terme barbare pour dire qu’elle gagne plus qu’elle ne dépense sans compter le coût de la dette. L’agence de notation S&P a donc relevé sa note à BBB+ (quatre crans sous de la France tout de même).

  • Le pays a profité des centaines de milliards du plan de relance européen post-Covid et a enfin trouvé une stabilité politique avec G. Meloni, au pouvoir depuis presque trois ans. De quoi engager des réformes profondes pour économiser des dizaines de milliards d’euros.

Faut-il s’inquiéter ? Pas vraiment, ce (dé)classement est plus symbolique que grave puisque l’écart est encore minime. Ce qui compte “vraiment”, c’est le taux de l’obligation sur 10 ans, où la France est encore devant. Mais attention, la dynamique n’est pas de son côté : il y a 3 ans, il y avait 200 points de base d’écart (2%), aujourd’hui il n’y en a plus que 17.

Un peu de recul. Même si elle a des taux plus élevés que l’Espagne ou le Portugal, la dette française reste très prisée puisqu’elle est liquide (facile à échanger sur les marchés).

Bref. Pour repartir de l’avant, la France a besoin de stabilité politique pour entamer un redressement des finances publiques. Mais vu comme ça s’annonce avec le budget prévu mi-juillet, c’est loin d'être gagné...