La Sécurité sociale est menacée par une « crise de liquidité », selon la Cour des comptes

Entre les recettes surestimées et les dépenses mal maîtrisées, le déficit de la Sécurité sociale risque de devenir “hors de contrôle” selon la Cour des comptes.
Pourquoi c’est important : Le risque principal pour la Sécu, c’est une crise de liquidité. C’est-à-dire ne plus avoir assez de trésorerie disponible pour couvrir ses dépenses immédiates de type remboursements des soins, versement des retraites, indemnités… En clair, c’est tout notre système de santé qui risque la panne sèche.
Dans les faits : C’est pire que prévu, avertit la Cour des comptes. Avec un déficit à 13,5 milliards d’euros en 2024, soit quasi 5 milliards de + que prévu, la situation est “alarmante” selon le président P. Moscovici. On a atteint “un point de bascule” pourtant pas attendu avant 2027.
- Pour rappel, en 2023, le fameux “trou de la Sécu” s’élevait à ≈ 11 milliards. D’ici fin 2025, “le déficit de la Sécu sera multiplié par 2” selon P. Moscovici. On parle de 22 milliards d’euros (s’il n’y a pas de dérapage).
Comment faire ? Il faut s’attaquer aux dépenses de santé selon la Cour des comptes. Elles représentent 90% du déficit de la Sécu qui doit économiser l’équivalent de 5,2 milliards cette année pour espérer le contenir, du jamais vu.
Concrètement, la Cour des comptes propose d'optimiser la gestion du personnel non-soignant, de mieux tracer le versement des pensions alimentaires et de renforcer la lutte contre les fraudes. Pour rappel, en 2024, l’Assurance maladie a évité 348 millions d’euros de fraudes, soit un tiers de plus qu’en 2023.
Pour ne rien arranger : Jusqu’ici, c’était la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades) qui épongeait une partie des dettes en empruntant des capitaux sur les marchés. Mais elle est censée disparaître d’ici 2033, alors que le déficit accumulé de la Sécu devrait atteindre 115 milliards en 2028.
- Problème : Depuis 2024, la Cades est arrivée au max de la dette qu’elle peut prendre en charge. Les déficits doivent donc être comblés par l’Acoss, qui gère la trésorerie de la Sécu et qui ne peut emprunter des capitaux qu’à court terme sur les marchés. Ce qui risque de ne pas être suffisant pour absorber un volume de dette aussi important.
Bref. Pour éviter le défaut de paiement, il faut absolument faire des économies et prolonger la Cades pour qu’elle prenne en charge les déficits accumulés jusque-là. Mais pour le gouvernement Bayrou, ça veut dire faire adopter cette loi à l’Assemblée, et sans majorité, c’est pas gagné.