Pourquoi l'élection comme chancelier de Friedrich Merz en Allemagne fait espérer une relance du moteur franco-allemand
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Pour sa première visite à l’étranger en tant que chancelier allemand, F. Merz a été reçu à l’Élysée par E. Macron.
Pourquoi on en parle ? L’objectif de cette rencontre est clair : relancer le moteur franco-allemand, qui mériterait un peu d’huile. Les deux dirigeants veulent “répondre ensemble aux défis que l’Europe affronte”, et parmi ces défis : renforcer la défense.
Dans les faits : La guerre commerciale lancée par le président américain risque de mettre à mal l’industrie allemande, déjà en difficulté. Sa production a reculé de 16% depuis le pic de 2018. Pour rappel, même si son PIB a progressé de 0,2 % entre janvier et mars 2025, l’Allemagne, première économie européenne, sort de deux ans de récession.
Résultat : La France et sa voisine veulent redevenir BFF, unies face aux USA, et vont mettre en place “un conseil de défense et de sécurité” commun pour renforcer la souveraineté européenne. F. Merz est même favorable à l’idée de placer son pays (jusqu’ici dépendant de la protection nucléaire américaine) sous protection française.
Concrètement, relancer l’industrie de la défense européenne, c’est aussi relancer l’économie. Selon le cabinet EY, si la défense de l’Allemagne passait à 3% de son PIB, elle créerait 245 000 emplois et ≈ 42 milliards d'euros d'activité.
- L'institut de Kiel pour l'économie mondiale (IfW) estime même que le PIB de l'UE pourrait croître de 0,9% à 1,5% si les membres augmentent leurs dépenses militaires à 3,5% de leur PIB, contre l’objectif de 2% de l'Otan.
Rappel : F. Merz a déjà fait voter “le bazooka”, un plan d'investissement géant pour réarmer son pays. Petit bémol : il prévoit d’injecter jusqu’à 1000 milliards dans l’économie allemande, ce qui pourrait creuser le déficit du pays, établi à 2,8% du PIB en 2024. Pas de soucis, le chancelier a déjà assoupli la Constitution dans ce sens, mais sa vision ne fait pas l'unanimité, même au sein de son propre camp politique.
Un peu de recul. F. Merz n’a pas été élu chancelier dès le 1er tour, mais au bout du 2ème. Une première dans l’histoire moderne du pays qui montre la fragilité de son gouvernement. Le conservateur a donc besoin d’alliés puissants (aka nous) pour que l’Allemagne reprenne son rôle historique de leader de l’UE, qui souffre elle aussi de cette instabilité.
Bref. Prochaine étape pour F. Merz : direction la Pologne. Le pays, qui a consacré l’équivalent de 4,1% de son PIB dans la défense en 2024, prévoit de l’augmenter à 4,7 % en 2025, soit beaucoup plus que tous ses voisins européens.