Pourquoi le vote de confiance annoncé par F. Bayrou provoque la panique sur les marchés

Pendant l’été, certains en profitent pour se ressourcer, passer du temps avec leur famille… d’autres décident de jouer l’avenir du pays.
Rappel : La semaine dernière, le Premier ministre a défendu un plan de rigueur de 43,8 milliards d’euros censé remettre la France à flot. En ligne de mire : une "année blanche fiscale", le gel des pensions et prestations sociales, et même la suppression de deux jours fériés.
Pourquoi on en parle ? Pour faire passer son plan, F. Bayrou a sorti l’arme constitutionnelle : il engagera la responsabilité du gouvernement à l’occasion d’une session extraordinaire du Parlement le 8 septembre prochain. En clair, le Parlement devra soit accorder sa confiance, soit acter la chute du gouvernement.
Problème : Le projet de loi de finances (PLF, qui permet d’établir le budget de l’État) devait être présenté début octobre et déposé au Parlement le 7 octobre, sauf que le vote de confiance pourrait faire tomber le gouvernement. Si c’est le cas, le délai entre la démission et la nomination d’un nouveau gouvernement deviendrait décisif.
Résultat : Depuis lundi, la Bourse chute, les taux français grimpent et se rapprochent même du taux italien, une comparaison évoquée publiquement par le ministre de l’Économie qui a fait paniquer les investisseurs. Les marchés anticipent désormais 3 scénarios, sachant qu'E. Macron a confirmé qu'il irait au bout de son mandat.
- F. Bayrou survit : Improbable mais possible. Si le gouvernement obtient la confiance, le calendrier reste inchangé.
- Chute + rapide recomposition : Si un Premier ministre est nommé rapidement, un nouveau gouvernement pourrait reprendre la main et déposer un budget dans les temps. La Constitution prévoit 70 jours au Parlement pour adopter le budget : c’est cette marge qui sauve le processus.
- Chute + lente recomposition : Là, ça se complique. Faute de temps, le dépôt du PLF pourrait être repoussé, comme en 2024 (M. Barnier avait déposé le PLF le 10 octobre). Le risque ? Ne pas adopter le budget à temps avant le 31 décembre.
Un peu de recul. La dette publique atteint 3 345 milliards d’euros, soit 113,9 % du PIB au 1er trimestre 2025. Oui, c’est élevé. Mais non, ce n’est pas inédit, ni réservé à la France. La moyenne des pays développés suit la même courbe, et malgré tout, la France continue de lever facilement de la dette.
- Lundi dernier, presque en même temps que les déclarations de F. Bayrou, la France a levé 7,8 milliards d’euros de dettes, avec une demande deux fois plus élevée que l’offre.
Bref. Pour l'instant, tous les partis qui ne participent pas au gouvernement ont annoncé leur intention de faire tomber le gouvernement. Et en cas de rejet de la confiance, E. Macron pourrait utiliser l’article 12 de la Constitution et renvoyer les députés devant les électeurs : c’est l’option la plus concrète, mais aussi la plus risquée. Affaire à suivre…