Les ambitions économiques derrière la visite d’Emmanuel Macron au Maroc

E.Macron / X
Publié le
28/10/2024

Emmanuel Macron part au Maroc, accompagné de 120 chefs d’entreprise, ministres, comédiens français, tous venus croquer des partenariats stratégiques.

Contexte : Cette visite marque la fin de trois années de crise diplomatique. Entre 2021 et 2023, les relations franco-marocaines se sont tendues : réduction des visas français, scandale de l’espionnage Pegasus, et surtout, la non-reconnaissance du Sahara occidental par la France.

  • Mais en juillet, lors de la fête du trône, Macron a envoyé une lettre au roi, reconnaissant le Sahara occidental. Mohammed VI a alors sorti les grands moyens et a invité le président ce lundi, pour une soirée XXL et un after de deux jours.

Concrètement : Plusieurs accords stratégiques devraient être signés :

  • Engie : autour des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert et du dessalement (≈1 milliard d’euros).
  • Alstom devrait fournir 168 trains à l’Office national des chemins de fer du Maroc (1,5 milliard d’euros).
  • Airbus, en plus de livrer une partie des 188 nouveaux avions de la compagnie nationale, négocie la vente de 15 à 18 hélicoptères Caracal (800 millions).
  • Naval Group discute aussi de la vente de deux sous-marins au Maroc.

L’objectif ? Partir des succès de l’automobile et de l’aéronautique à Tanger et Kénitra avec Renault et PSA mais en le généralisant à d’autres secteurs clefs comme la décarbonisation, l’éducation, l’aéronautique, la défense et l’énergie.

Plus encore : La France mise sur les événements à venir : la CAN en 2025 et la Coupe du monde de foot en 2030. Le Maroc va avoir des besoins en infrastructures, offrant des opportunités aux entreprises françaises. Sans compter que le royaume est devenu le deuxième investisseur africain sur le continent et donc un partenaire idéal pour les groupes français en quête de croissance en Afrique.

Un peu de recul. Malgré les tensions, la France reste le premier investisseur direct à l’étranger du Maroc. En 2023, les échanges commerciaux ont totalisé 10,5 milliards d’euros, faisant de la France le deuxième partenaire commercial du Maroc. Et plus que tout, 1 300 entreprises françaises y opèrent, concernant environ 150 000 emplois.

Bref. Les tensions sont-elles apaisées ? « Certainement pas », affirme P. Vermeren, spécialiste du Maghreb, qui estime que la question migratoire reste sensible, surtout avec Bruno Retailleau qui remet sur la table la restriction des visas. Sans oublier que si les tensions avec le Maroc s’apaisent, celles avec l’Algérie, en désaccord sur le Sahara occidental, s’accentuent. En clair, « ce qui est gagné avec le Maroc est perdu avec l’Algérie, c’est un jeu à somme nulle », souligne Hamza Meddeb.