Comment la guerre autour de Nexperia pourrait mettre l'industrie automobile à l'arrêt

Le secteur automobile, déjà en sueur, est sur le point de faire un arrêt cardiaque : un fabricant de puces électroniques menace de faire dérailler l’industrie.
Dans les faits : L’entreprise en question, c’est Nexperia, fabricant néerlandais de semi-conducteurs, qui est passée sous contrôle chinois en 2018, à une époque où les Pays-Bas n’avaient pas conscience de l’importance stratégique de l’entreprise.
- L’été dernier, Washington avait averti La Haye que, si Nexperia restait dirigée par son CEO chinois Z. Xuezheng et sous contrôle intégral de Wingtech (entreprise chinoise déjà sanctionnée depuis 2024), elle serait ajoutée à sa liste des entreprises interdites d’échanges.
- Résultat : Le gouvernement néerlandais a utilisé une loi d’urgence début octobre pour reprendre la main de force sur Nexperia, et les autorités néerlandaises ont suspendu le CEO, soupçonné de détournements de fonds et de transferts illégaux de productions vers d’autres sociétés chinoises.
Problème : En représailles, Pékin bloque les exportations de puces sauf que Nexperia fournit 40% des circuits utilisés dans les voitures en Europe. À elle seule, l’entreprise produit 100 milliards de puces par an, soit un quart des semi-conducteurs de base dans le monde. Et la pénurie de cette petite pièce peut bloquer toute une ligne d’assemblage...
Résultat : S&P Global prévoyait déjà une baisse de 3,5 % de la production mondiale de véhicules légers au quatrième trimestre. Mais avec l’affaire Nexperia, la baisse risque de s’accentuer et même de se prolonger jusqu’en 2026, donc tout le monde se prépare à une rupture d’approvisionnement.
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- Renault et Stellantis ont réactivé leurs cellules de crise
- Côté équipementiers, Bosch, Valeo, Aptiv ou Denso sont en état d’alerte
- En Allemagne et au Japon, les fédérations automobiles alertent sur un risque d’effondrement de la production
Et maintenant ? Le ministre chinois du Commerce, W. Wentao, qui a pris contact avec Bruxelles et La Haye, prévoit de se rendre en Europe pour négocier.
Bref. Selon Citi, cette instabilité pourrait impacter les prévisions annuelles de nombreux groupes industriels. La maison-mère chinoise de Nexperia a, elle, averti que l’impact financier pourrait être lourd si elle ne reprenait pas la main sur sa filiale néerlandaise d’ici la fin de l’année.










