Le marché de l'emploi se dégrade aux États-Unis

Nathan Sack
Publié le
3/8/2025

Les chiffres de l'emploi américain sont tombés, et ils ne sont vraiment pas bons.

Pourquoi on en parle ? Ces chiffres sont suivis de près par les investisseurs et la Fed (Banque centrale américaine) qui base, en grande partie, sa politique monétaire en fonction de l’état de santé du marché de l’emploi. En clair, s'il se porte bien, la Fed n’est pas forcée de baisser ses taux, et c’est notamment la raison pour laquelle elle a choisi de maintenir ses taux inchangés la semaine dernière.


Dans les faits : Le taux de chômage est passé à 4,2 % avec seulement 73 000 nouveaux postes créés soit 27 % de moins que prévu.


Problème : les États-Unis ont non seulement créé moins de postes que prévu, mais le BLS (équivalent de l’Insee) s’est aussi trompé dans les précédentes estimations. Entre mai et juin, les États-Unis n’ont créé que 35 000 emplois, contre 290 000 estimés initialement. On parle là de la plus grosse révision à la baisse depuis 1979 (hors période Covid).


D. Trump, qui demande à la Fed de baisser les taux depuis son arrivée au pouvoir, crie au complot politique. Il a accusé les services statistiques de manipulation et a limogé E. McEntarfer, commissaire du BLS. Dans la foulée, c’est A. Kugler, gouverneure de la Fed nommée par J. Biden, favorable au maintien des taux inchangés, qui a annoncé sa démission.


Concrètement, c’est un retournement de situation à la Netflix. Avec ces deux postes vacants, le président américain a donc le champ libre pour nommer un nouveau membre à la Fed, qui pourrait remplacer J. Powell à la fin de son mandat en 2026. Parmi les potentiels remplaçants, quelques noms sortent du lot, dont :

  • Kevin Hassett, économiste proche de Trump
  • Kevin Warsh, ancien gouverneur de la Fed
  • Scott Bessent, actuel secrétaire au Trésor

En parallèle, d’autres voyants sont au rouge. La population américaine devient de + en + vieillissante et l’immigration ralentit. Même la consommation, pourtant moteur de la croissance américaine, s’essouffle.


Bref. Alors que C. Waller et M. Bowman, deux membres du conseil de la Fed ont publié des tribunes appelant à une baisse rapide des taux, les investisseurs commencent à y croire. De son côté, D. Trump ne lâche pas son pressing sur J. Powell, qu'il traite « d’idiot obstiné ».