Le Pacte pour une industrie propre de l'UE est loin de rassurer les grands industriels

Loïc Manegarium/Pexels
Publié le
27/2/2025

F. Menegaux, président du groupe Michelin, lance l’alerte dans une interview accordée à Bloomberg : avec ses impôts, la France “tue” son industrie. Et il n’est pas le seul dirigeant européen à s’inquiéter.


Pourquoi on en parle ? Mercredi, l’Europe a dévoilé son “plan d’affaires” à 100 milliards d’euros pour sauver l’industrie européenne, l’inciter à se décarboner, le tout en la revitalisant. Alors ? Pas convaincus, répondent les patrons plutôt sceptiques.


Dans les faits : Ce plan promet d'introduire de nouvelles mesures écologiques tout en renforçant l’attrait économique et la compétitivité du Vieux Continent. Le but : soutenir les entreprises européennes en garantissant une demande stable, réduire notre dépendance aux importations et encourager un modèle plus écologique.

  • Rappel : L’UE est très en retard sur ses objectifs de neutralité climatique de 2050 et vise -90 % d’émissions d’ici 2040.

L'autre nouveauté de ce plan, c’est la notion de “préférence européenne” dans les appels d'offres publics pour encourager l'achat de produits made in UE.

Mais dis Jamy, pourquoi ça fait grincer des dents ? Depuis plusieurs mois, certaines industries européennes sont en difficulté : la sidérurgie, la chimie et l'automobile, notamment, lancent des S.O.S et dénoncent une réglementation européenne qui les dessert. Sans compter les prix élevés de l’énergie et la concurrence mondiale jugée déloyale.

  • Et pour ne rien arranger, sont venus s’ajouter à cette charmante liste les potentiels droits de douane promis par D. Trump contre l’Europe, à 25%.

Résultat : Les patrons se rebellent. J. Ratcliffe, patron du géant de la chimie Ineos, pense que “Décarboner l'Europe par la désindustrialisation est une idiotie.” Chez Michelin, la hausse des taxes françaises associée à la baisse de la demande dans l’automobile ont mené à la fermeture de 6 usines en Allemagne, France et Pologne. Selon Menegaux, produire en Europe est deux fois plus cher qu'en Asie.



Bref. Chez les Gaulois, le ministre de l’Industrie, M. Ferracci, trouve que ce plan européen n’est pas assez ambitieux et refuse de respecter les objectifs écologiques s’ils affaiblissent son industrie. Et si d’autres pays en font autant, comme l’Italie qui a mis en garde contre une possible “désindustrialisation” de l'Europe, alors le plan tombera légèrement à l’eau.