La descente aux enfers de Worldline continue après des accusations de transactions frauduleuses

Le géant français du paiement Worldline est à terre : -40% sur les marchés après la publication d’une enquête commune de 21 médias sur ses activités frauduleuses.
Pourquoi on en parle ? La chute semble infinie pour Worldline qui était dans le CAC 40 (indice qui regroupe les 40 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Paris) jusqu'en 2023, année d’un premier scandale similaire. Résultat, une perte nette de 800 millions d’euros et une chute du cours de l’action au moment du bilan financier, ce qui l’a éjecté de l’indice de référence.
Rappel : La société est entrée dans le CAC 40 en devenant le leader européen des opérateurs de paiement. En clair, c’est elle qui édite la page de validation quand vous faites un achat sur Internet. Elle se charge ensuite de vérifier avec les banques que vous confirmez bien l’achat et que vous ne fraudez pas.
Dans les faits : L’enquête révèle que c’est finalement elle qui triche. Des milliards d’euros de paiements frauduleux sur dix ans ont été opérés par Worldline, qui fricotait avec quelques clients pas vraiment fréquentables : casinos en ligne, prostitution et groupes pornos illégaux.
Comment en est-elle arrivée là ? Après avoir été séparée d’Atos en 2014, elle a lancé un service pour attirer ces marchands à haut risque pour booster les revenus. Elle a misé - sans mauvais jeu de mot - sur ces sites très rentables, qui lui versaient jusqu’à 15% de commission - contre moins de 5% en temps normal - mais qui avaient le léger défaut d’arnaquer leurs clients.
- Concrètement, ces sociétés ont du mal à trouver des opérateurs de paiements qui acceptent leur business très lucratif. Elles sont donc prêtes à payer des commissions plus élevées, et Worldline ferme les yeux sur des pratiques frauduleuses pour engranger les k€.
Un peu de recul. Worldline se défend d’être en-dessous de la moyenne du secteur en termes de paiements frauduleux, avec 1,5% selon Mediapart. Un constat partagé par un analyste resté anonyme, qui assure que “ce n’est pas le plus mauvais élève de la classe” sans pour autant donner de noms.
Bref. Ce scandale creuse un peu plus la tombe de Worldline. Les résultats du premier trimestre sont en chute de 9% et la Société Générale ne veut plus travailler avec elle. Reste à voir si d’autres acteurs majeurs vont suivre après ces révélations.