Pourquoi Luca de Meo pourrait effectivement être l'homme de la situation chez Kering

On vous en parlait hier, Luca de Meo quitte la direction de Renault pour celle de Kering, et l'annonce a fait disjoncter les marchés : -8% pour le constructeur et +12,5% pour le fabricant de luxe.
Pourquoi un tel engouement ? L. de Meo est un pro des redressements. En 30 ans, il a redynamisé Fiat, puis Seat, avant de ressusciter Renault et Alpine. À son arrivée chez Renault, le constructeur affichait une perte nette record de 8 milliards d’euros. Cinq ans plus tard, il a bouclé une deuxième année en bénéfice (+2 milliards en 24 mois) et a doublé la capitalisation boursière de l’entreprise.
Comment ? L. de Meo a fait exploser les marges (à 7,6%, un record pour Renault) en se recentrant sur les monospaces et en augmentant les prix. Une hausse qui est bien passée auprès des consommateurs grâce à un bon storytelling, spécialité de l’Italien. On l’a vu à l'œuvre avec le marketing totalement réussi autour de la R5, usine à souvenirs, et de “sa petite sœur” la R4, plus accessible.
It’s a match : L. de Meo aime les entreprises aux cœurs brisés, et Kering (-27 % cette année en Bourse) a tout pour plaire. Depuis 3 ans, le groupe est plombé par Gucci, qui représente la moitié de son chiffre d’affaires, et ne trouve plus sa clientèle. Au premier trimestre, la marque italienne - tiens, tiens - a vu ses ventes fondre de 25%.
- Gucci n’arrive plus à se renouveler et se trouve dans un positionnement flou : trop tape à l'œil pour les plus riches, trop chère pour les autres. Le plus gros chantier de L. de Meo est donc de donner un coup de jeune à la marque et la faire redevenir désirable. Ça tombe bien, c’est exactement ce qu’il a fait chez Renault.
Un peu de recul. Sur le papier, c’est le mariage parfait mais ce passionné de montres suisses doit passer de l’huile de moteur au cuir pour découvrir l’industrie. Il a pour l’instant le bénéfice du doute mais le premier juge sera le succès - ou non - de la première collection de Demna, nouveau directeur artistique de Gucci, prévue pour fin 2025.
Bref. François-Henri Pinault, PDG depuis 20 ans, ne sera donc plus que président et a prévu de laisser carte blanche à sa nouvelle recrue. Du côté de Renault, le départ reste un coup dur inattendu pour le constructeur, déjà en quête d’un remplaçant. L’Etat, actionnaire à 15%, va l’aider, même si les noms de Denis Le Vot, patron de Dacia, et de Maxime Picat, directeur des achats de Stellantis, ont déjà émergé.