Pourquoi est-ce que Bruxelles décide finalement de supprimer l’interdiction de vendre des voitures thermiques neuves à partir de 2035 ?

Sous la pression des États membres, des géants du secteur de l'automobile, et de tous les oncles et tantes d’Europe, Bruxelles supprime l’interdiction de vendre des voitures thermiques neuves à partir de 2035.
Comment en est-on arrivé là ? Le projet avait été voté en 2019, et c’était d’ailleurs la vitrine du “Green Deal” lancé la même année dans un contexte post-élections européennes dominé par les enjeux climatiques. À l’époque, l’UE voulait incarner le leadership mondial en matière de transition énergétique après le scandale du Dieselgate (autour de Volkswagen) qui avait brisé la confiance avec les industriels.
Problème : La pandémie, la guerre en Ukraine, le réveil géopolitique et l’envolée des prix de l’énergie ont ramené l'industrie sur Terre : le marché auto européen s’est contracté de 20 %, les États ont réduit leurs subventions, et la Chine a inondé le marché de ses voitures électriques bon marché (et mieux équipées).
- Cerise sur le gâteau : Tout s’est accéléré après les élections européennes de 2024. Sous la pression du PPE, parti majoritaire au Parlement européen, les possibles obstacles à une machine arrière ont sauté.
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Résultat : L’UE est contrainte de mettre son égo de côté. Les constructeurs pourront donc continuer de vendre des modèles à moteur thermique après 2035, à condition de compenser partiellement leur empreinte carbone : 3 % via des carburants alternatifs et 7 % grâce à l’utilisation d’acier bas carbone produit en Europe.
Bruxelles cible aussi les flottes pro (60 % du marché) avec des objectifs contraignants dès 2030 et 2035, réservés aux grandes entreprises. En parallèle, les petites voitures électriques européennes profiteront de super-bonus CO₂ et d’aides nationales pour tenter de contrer l’offensive chinoise.
Un peu de recul. C’est un bol d’air pour les constructeurs, mais le cœur du problème reste entier :
- L’Europe n’a toujours pas de stratégie unifiée face à la Chine
- Les divergences persistent entre États membres
- La préférence européenne, poussée par Paris, est reportée à fin janvier
- Les investissements dans l’électrique sont gelés ou revus à la baisse
Bref. Le texte doit encore être validé par les États membres et le Parlement européen. Le PPE et l’extrême droite pourraient tenter d’aller plus loin en démantelant les piliers du "Green Deal" de l'auto. Mais l’essentiel est acté : l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 est morte. Longue vie au thermique "compensé".





