Le recul de l'inflation permet à la BCE d'abaisser son taux directeur

Mauro Sbicego/Unsplash
Publié le
6/6/2025

On s’y attendait : face à la baisse de l’inflation, la BCE a de nouveau baissé ses taux de 0,25 point de pourcentage. Mais une nouvelle menace guette : la déflation.

Un peu de contexte : La hausse des prix (soit l’inflation, pour ceux qui suivent) est sous contrôle : elle est redescendue à 1,9% sur un an en mai dans la zone euro, donc sous l’objectif ultime des 2% cher au cœur de l'institution. Et la BCE s’attend à un petit 1,6% en 2026.

La baisse du taux de dépôt à 2% -la 8ème baisse en un an- était donc la suite logique. En abaissant ses taux, la BCE permet aux banques de lui emprunter pour moins cher, et donc de prêter de l’argent à leurs clients pour moins cher aussi. Résultat : les taux d’intérêt des crédits pourraient baisser, ce qui relancera la consommation des ménages, et la croissance.

  • C. Lagarde, présidente de la BCE, l’a affirmé : l'institution arrive au bout de son cycle d’assouplissement commencé il y a 1 an et se rapproche d’un taux neutre, qui n’accélère ni ne freine la croissance.

Alors, c’est fini ? On a gagné ? Pas vraiment. On est maintenant en période de désinflation, c’est-à-dire que les prix continuent à augmenter, mais moins vite qu’avant. Chouette. Par contre, le nouvel ennemi à abattre, c’est la déflation. On parle ici d’une baisse généralisée des prix, comme ce qui se passe en Chine.

Le problème : En cas de déflation, la consommation recule. Parce que si les prix baissent, pourquoi acheter aujourd’hui ce qui sera moins cher demain ?

  • Les entreprises tournent donc au ralenti, leurs marges baissent, et on risque de rentrer dans une spirale déflationniste avec tout ce qui va avec - récession, chômage et tutti quanti.

Plus encore, les perspectives de croissance pour l’UE sont sur la mauvaise pente. Les taxes de D. Trump devraient pousser les entreprises chinoises, avec moins d'opportunités aux USA, à inonder le marché européen de produits moins chers.



Pas de panique, pour C. Lagarde la BCE est “en bonne position” pour faire face aux incertitudes. Les marchés misent même sur une dernière baisse d’ici septembre, une fois que la situation des droits de douane sera un peu + claire (🤞).



Bref. Les marchés ont très bien accueilli la nouvelle : l’euro a atteint son plus haut niveau depuis fin avril. Et C. Lagarde, accessoirisée d’un joli collier “in charge” (“juste au cas où il y aurait des doutes”, a-t-elle précisé) a assuré qu’elle irait bien au bout de son mandat, en 2027. Malgré les dernières infos qui ont fuité et qui la placent déjà à la tête du forum économique de Davos...